Ce vendredi 13 juin 2025, la Ville du Lamentin a inauguré la première plaque du label Architecture Contemporaine Remarquable en Martinique, apposée sur l’ancienne mairie, joyau moderniste emblématique du centre-ville. Mais au-delà du geste symbolique, cette matinée s’est révélée être un véritable moment d’éveil collectif sur notre rapport à l’architecture et à l’identité du territoire.
Dans la salle du Conseil municipal autour du maire David ZOBDA, urbanistes, architectes, agents de la DEAL, élus et citoyens ont assisté à deux interventions aussi brillantes que déstabilisantes : celle de Sophie Paviol, historienne de l’architecture (ENSA Grenoble), et celle de Gustavo Torres, architecte et président de l’Association de défense de l’architecture moderniste en Martinique.
Les échanges ont bousculé les idées reçues. Ici, pas de langue de bois : les intervenants ont osé interroger les fondements mêmes de l’architecture dans notre pays. Influences coloniales persistantes, normes climatiques mal adaptées, mémoire refoulée… autant de sujets abordés sans détour pour réfléchir à ce que pourrait (ou devrait) être une architecture réellement martiniquaise.
Autre signe d’espoir : la présence remarquée d’un groupe d’étudiants du diplôme universitaire « Urbanisme et architecture en contexte tropical multi-risques aléas créé par l’université des Antilles et la CTM. Sous l’impulsion de David Briot, architecte-conseil à la Direction des Affaires Culturelles (DAC) leur engagement traduit l’émergence d’une nouvelle génération prête à penser le territoire autrement. Ainsi de belles perspectives se dessinent pour l’avenir : diagnostics partagés, études de terrain, expérimentations…
Ce temps d’échange aura donc permis, au-delà de la pose d’une plaque, de lancer un appel : et si nous reprenions collectivement la main sur notre manière d’habiter ? Car derrière les formes, il s’agit aussi de redonner sens, dignité et fierté à notre cadre de vie.



